Microbiote Intestinal : Pourquoi On l’Appelle Notre Deuxième Cerveau ?

Découvrez le lien fascinant entre intestin et cerveau : comment le microbiote influence nos émotions, notre stress et notre santé mentale en 2025.

Mar 28, 2025 - 07:50
Mar 28, 2025 - 08:00
 0  3
Microbiote Intestinal : Pourquoi On l’Appelle Notre Deuxième Cerveau ?
Microbiote Intestinal : Pourquoi On l’Appelle Notre Deuxième Cerveau ?

Pourquoi le microbiote intestinal est appelé notre deuxième cerveau

Définition – Qu’est-ce que le microbiote intestinal ?

Le microbiote intestinal désigne l’ensemble des micro-organismes peuplant notre tube digestif. Il s’agit principalement de bactéries (plus de 100 000 milliards), mais aussi de levures, virus et autres microbes utiles. Autrefois appelé flore intestinale, ce véritable écosystème interne pèse jusqu’à 1 à 2 kg chez un adulte et comporte des milliers d’espèces différentes.

(File:E coli at 10000x.jpg - Wikimedia Commons) Figure : Micrographie électronique de bactéries Escherichia coli (agrandies 10 000 fois). Ces bactéries font partie des micro-organismes dominants de notre flore intestinale.

Ce microbiote se développe dès la naissance et évolue tout au long de la vie. Chaque individu possède une composition unique de microbes intestinaux, influencée par l’alimentation, le mode de naissance (voie basse ou césarienne), l’environnement, les antibiotiques reçus, etc. Un microbiote diversifié et équilibré est généralement synonyme de bonne santé, alors qu’un déséquilibre (appelé dysbiose) peut être associé à divers troubles.

Fonctionnement du microbiote intestinal

Le microbiote intestinal remplit de nombreuses fonctions essentielles pour l’organisme. Voici quelques-uns de ses rôles principaux :

  • Digestion et métabolisme : Il aide à dégrader des composés alimentaires que notre intestin seul ne sait pas digérer (fibres, amidon résistant...), via des fermentations. Cela produit des nutriments bénéfiques (par ex. des acides gras à chaîne courte) et facilite l’absorption de minéraux. Il synthétise aussi certaines vitamines indispensables (vitamine K, vitamines B) (Microbiote intestinal (flore intestinale) · Inserm, La science pour la santé).

  • Immunité : 70 à 80 % de nos cellules immunitaires résident dans l’intestin. Le microbiote entraîne notre système immunitaire à distinguer les bonnes bactéries des agents pathogènes, renforçant ainsi nos défenses (Microbiote intestinal (flore intestinale) · Inserm, La science pour la santé). Il contribue au maintien de la barrière intestinale qui empêche les microbes dangereux de passer dans le sang.

  • Protection et équilibre : Un microbiote sain occupe le terrain et empêche l’installation de bactéries nuisibles (effet barrière). Il régule également l’inflammation locale et peut influencer le métabolisme de certaines hormones digestives.

En résumé, notre microbiote agit comme un organe à part entière, en interaction constante avec son hôte. Mais son influence ne s’arrête pas à l’intestin : il communique aussi avec le reste du corps, et en particulier avec le cerveau.

Le lien intestin-cerveau : un “deuxième cerveau” dans nos entrailles

On surnomme souvent l’intestin notre “deuxième cerveau”. En partie parce que la paroi intestinale est truffée de neurones – environ 200 millions – regroupés dans ce qu’on appelle le système nerveux entérique (SNE). Ce réseau neuronal contrôle les mouvements digestifs de façon autonome. Surtout, l’intestin et le cerveau communiquent en permanence : on parle du fameux axe intestin-cerveau reliant ce “deuxième cerveau” intestinal au système nerveux central (Microbiote intestinal (flore intestinale) · Inserm, La science pour la santé).

Plus surprenant encore, nos bactéries intestinales participent activement à ces échanges. Comment ? D’une part, le nerf vague, un long nerf reliant le cerveau aux organes digestifs, permet au cerveau de “sentir” ce qui se passe dans l’intestin. Les micro-organismes peuvent stimuler ce nerf indirectement via le SNE, modifiant ainsi certaines réactions cérébrales (Microbiote intestinal (flore intestinale) · Inserm, La science pour la santé). D’autre part, le microbiote produit une multitude de composés chimiques (acides gras, acides aminés, neurotransmetteurs…) qui passent dans la circulation sanguine et peuvent atteindre le cerveau (Microbiote intestinal (flore intestinale) · Inserm, La science pour la santé). Par exemple, 95 % de la sérotonine (un neurotransmetteur clé surnommé “hormone du bonheur”) de notre corps est produite dans l’intestin (Qu'est-ce que la sérotonine ? | Institut du Cerveau). Certaines bactéries fabriquent aussi du GABA, de la dopamine et d’autres molécules neuroactives influençant l’humeur et le stress. Enfin, le microbiote interagit avec les cellules entéroendocrines de l’intestin (des cellules qui sécrètent des hormones) pour moduler des voies hormonales en lien avec le cerveau – c’est le cas notamment de la voie de la sérotonine (Microbiote intestinal (flore intestinale) · Inserm, La science pour la santé).

Ce triple mode de communication (nerveux, chimique et hormonal) explique pourquoi l’état de notre intestin peut avoir un impact direct sur nos émotions, notre stress ou nos capacités cognitives. Avoir “la peur au ventre” ou “digérer une information” ne sont pas que des images : ces expressions reflètent la réalité d’un intestin étroitement lié à notre cerveau.

Ce que disent les études récentes

Les chercheurs s’intéressent de près à cet axe microbiote-intestin-cerveau. De nombreuses études confirment l’influence du microbiote sur le cerveau et inversement. Par exemple, une étude de l’Institut Pasteur a montré qu’un stress chronique pouvait déséquilibrer le microbiote intestinal, entraînant une baisse de certains métabolites bénéfiques (notamment des endocannabinoïdes) et in fine un état dépressif (Le microbiote intestinal participe au fonctionnement du cerveau et à la régulation des humeurs). Lorsque l’équilibre de la flore intestinale était restauré chez des souris stressées, leurs symptômes dépressifs s’atténuaient, ce qui souligne l’importance d’un microbiote sain pour un cerveau en bonne santé (Le microbiote intestinal participe au fonctionnement du cerveau et à la régulation des humeurs) (Le microbiote intestinal participe au fonctionnement du cerveau et à la régulation des humeurs).

D’autres travaux ont mis en lumière un lien entre dysbiose du microbiote et dépression chez l’humain : les patients dépressifs présentent souvent une composition microbienne altérée par rapport à celle de personnes bien portantes (C’est prouvé : ces bonnes bactéries aident à lutter contre la dépression). Mieux, l’administration de certaines souches probiotiques (des “bonnes” bactéries) en complément d’un antidépresseur a permis d’observer une amélioration plus marquée de l’humeur chez des patients (C’est prouvé : ces bonnes bactéries aident à lutter contre la dépression). Ces bactéries bénéfiques, parfois qualifiées de psychobiotiques, pourraient à l’avenir aider à traiter l’anxiété ou la dépression en modulant la flore intestinale.

Par ailleurs, des pistes de recherche explorent les liens entre le microbiote intestinal et des maladies neurologiques comme la maladie de Parkinson ou les troubles du spectre autistique, bien que ces phénomènes soient encore mal compris.

Conséquences sur la santé mentale

Un microbiote intestinal perturbé peut avoir des répercussions notables sur la santé mentale. Plusieurs symptômes psychologiques ou cognitifs sont associés à un état de dysbiose intestinale : anxiété accrue, humeur dépressive, irritabilité, troubles de la concentration, fatigue chronique...

En effet, lorsque l’équilibre microbien est rompu, la production de neurotransmetteurs peut être désorganisée, tout comme la communication via le nerf vague. Par exemple, la diminution de certaines bactéries produisant du butyrate (un acide gras aux propriétés anti-inflammatoires et neuroprotectrices) est observée chez des patients déprimés. De même, une barrière intestinale fragilisée par une flore appauvrie peut laisser passer dans le sang des molécules pro-inflammatoires susceptibles d’altérer l’humeur.

Prendre soin de son microbiote fait donc partie des conseils pour préserver sa santé mentale, au même titre que bien dormir, avoir une activité physique régulière ou savoir gérer son stress. Un intestin en bon équilibre pourrait aider à garder un moral plus stable et à mieux résister aux coups de blues.

Conséquences sur la santé hormonale

Le microbiote intestinal influence également notre équilibre hormonal. D’abord via l’hormone du stress : un intestin en mauvais état peut amplifier la production de cortisol (hormone du stress), tandis qu’un microbiote sain tend à atténuer la réponse inflammatoire et à modérer les excès de cortisol. Réciproquement, on sait que le stress chronique perturbe la flore intestinale, créant un cercle vicieux où stress et dysbiose s’entretiennent mutuellement (Le microbiote intestinal participe au fonctionnement du cerveau et à la régulation des humeurs).

Ensuite, le microbiote joue un rôle dans le métabolisme des hormones sexuelles (œstrogènes, progestérone, testostérone). Un ensemble de bactéries intestinales, appelé l’estrobolome, est capable de métaboliser les œstrogènes circulants (« Estrobolome » : quand le microbiome influence les hormones ). En temps normal, le foie conjugue (désactive) l’excès d’œstrogènes qui sont ensuite évacués par la bile dans l’intestin. Mais une flore déséquilibrée peut produire trop d’enzymes de déconjugaison, réactivant ces œstrogènes dans l’intestin et favorisant leur réabsorption (« Estrobolome » : quand le microbiome influence les hormones ). Conséquence : le taux d’œstrogènes peut se maintenir anormalement élevé, contribuant à des problèmes comme l’endométriose, le syndrome prémenstruel ou certains cancers hormono-dépendants (« Estrobolome » : quand le microbiome influence les hormones ). À l’inverse, un microbiote équilibré aide à éliminer l’excès d’hormones et soutient un fonctionnement hormonal harmonieux. Il n’est donc pas étonnant de voir apparaître des approches globales comme la détox hormonale qui visent à soutenir à la fois le foie (pour l’élimination des hormones) et l’intestin (pour rétablir une flore saine), afin de préserver l’équilibre naturel du corps.

Comment renforcer son microbiote intestinal ?

La bonne nouvelle, c’est qu’il est possible d’agir au quotidien pour chouchouter son deuxième cerveau intestinal. Voici quelques conseils concrets pour renforcer votre microbiote :

  • Adoptez une alimentation riche en fibres : Les fibres sont le carburant principal des bonnes bactéries. Consommez des légumes, fruits, légumineuses et céréales complètes au quotidien. Les aliments fermentés (yaourt, kéfir, choucroute, kimchi) apportent aussi des probiotiques (micro-organismes bénéfiques) qui enrichissent la flore.

  • Limitez les aliments ultra-transformés : Additifs, édulcorants artificiels et excès de sucre peuvent perturber la flore intestinale. Privilégiez le fait maison et les produits bruts. Évitez également l’usage abusif d’antibiotiques qui appauvrissent le microbiote.

  • Réduisez le stress et dormez bien : Le stress chronique et le manque de sommeil déséquilibrent l’axe intestin-cerveau. Accordez-vous du repos, pratiquez des activités relaxantes (méditation, yoga, lecture…) et veillez à un sommeil suffisant et de qualité. Les nouvelles technologies de sommeil connecté peuvent d’ailleurs vous aider à mieux dormir en surveillant vos cycles de sommeil et en optimisant votre environnement nocturne.

  • Bougez régulièrement : L’exercice physique modéré (au moins 30 minutes par jour) est associé à une plus grande diversité du microbiote. Marcher, faire du vélo ou toute activité qui vous plaît contribue à la bonne santé de vos bactéries intestinales, en plus de réduire le stress.

En appliquant ces conseils, vous créerez un environnement favorable à vos microbes alliés. Ceux-ci pourront proliférer, remplir efficacement leurs fonctions et vous faire profiter de leurs bienfaits, tant sur le plan physique que mental.

Conclusion

Longtemps ignoré, le microbiote intestinal s’impose aujourd’hui comme un acteur majeur de notre santé globale. Véritable deuxième cerveau, il dialogue en permanence avec notre système nerveux et endocrinien, influençant nos humeurs, notre stress, notre immunité et bien plus. Les découvertes scientifiques récentes confirment qu’en prendre soin ne revient pas seulement à éviter les troubles digestifs : c’est aussi une clé pour préserver sa santé mentale et son équilibre hormonal.

En clair, adopter un mode de vie respectueux de notre flore intestinale est crucial. En mangeant varié et riche en fibres, en réduisant le stress, en améliorant son sommeil et en restant actif, chacun peut renforcer son microbiote. Les bénéfices à la clé ? Un esprit plus serein, un corps plus résilient, et un “deuxième cerveau” qui tourne à plein régime. Prenez soin de vos bactéries intestinales, et elles prendront soin de vous – c’est un pari gagnant-gagnant !

Quelle est votre réaction ?

Aimer Aimer 0
Je n'aime pas Je n'aime pas 0
Amour Amour 0
Drôle Drôle 0
En colère En colère 0
Triste Triste 0
Waouh Waouh 0